Port Autonome de Cotonou
L’Autorité Portuaire de Cotonou (PAC) est un organisme public essentiel créé le 31 décembre 1964. Le PAC supervise l’entretien et l’exploitation du port de Cotonou, qui joue un rôle crucial dans l’économie béninoise et constitue une plaque tournante vitale pour l’économie sous-régionale, en particulier pour des pays comme le Sahel et le Nigeria. Au cours de ses plus de cinquante ans d’histoire, le Port de Cotonou a joué un rôle déterminant dans la facilitation des activités d’import-export dans la région, obtenant la reconnaissance en tant que plateforme éco-citoyenne garantie avec des certifications ISO pour la gestion de l’environnement, la qualité et la santé et la sécurité au travail. Afin d’améliorer encore ses opérations, l’Autorité Portuaire a conclu en 2018 un partenariat avec le Port d’Anvers-Bruges International, axé sur la modernisation et le transfert de compétences. L’Autorité Portuaire emploie actuellement plus de 600 personnes et dispose d’une équipe diversifiée qui possède une expertise dans divers secteurs, dont les technologies de l’information. Avec un plan ambitieux de mise en œuvre de douze grands projets d’infrastructures d’ici 2026, financés à hauteur de plus de 450 milliards de francs CFA, le Port de Cotonou ambitionne de devenir une plateforme logistique moderne, sécurisée et offrant des services de qualité.
Kristof Van den Branden, Chief Commercial Officer at Port Autonome de Cotonou
Kristof est un professionnel chevronné avec 20 ans d’expérience, qui excelle en tant que joueur d’équipe et qui a fait ses preuves dans la gestion et la motivation efficaces des équipes. Son habileté dans la gestion des parties prenantes, qu’il s’agisse des communautés locales ou des interactions gouvernementales de haut niveau, est remarquable. Il a notamment occupé des postes de direction tels que celui de président du Belgian Business Club à Lagos/Nigeria (2016-2017) et il est actuellement président d’Eurocham à Cotonou/Bénin depuis 2023. Il est CCO de l’Administration portuaire depuis 2020.
- Dans une économie totalement mondialisée, la transformation digitale est un incontournable pour toute organisation, pourriez-vous décrire brièvement comment vous voyez la situation actuelle du secteur portuaire en Afrique ?
Le secteur portuaire en Afrique est en pleine mutation. D’importantes réformes en matière de transformation numérique ont été entreprises par les autorités portuaires à travers le continent ces dernières années. Il faut dire que la plupart d’entre elles ont été accélérées par la récente crise sanitaire. Aujourd’hui, nous constatons les progrès, la transformation digitale des plateformes portuaires africaines est en marche. Et cela s’accompagne du développement de l’arrière-pays, qui facilite le transit des marchandises ; la modernisation de la logistique, qui permet à certains ports africains de disposer d’équipements répondant aux normes internationales ; ainsi que la formation du personnel à différents niveaux. Ces différents éléments montrent les progrès obtenus à plusieurs échelles dans la gestion opérationnelle de certains ports du continent. À mon avis, ils sont le signe d’une vitalité accrue du secteur.
- De votre point de vue, quels sont les principaux défis auxquels sont confrontés les ports africains ?
Les ports africains sont confrontés à trois défis fondamentaux : le défi logistique, le défi de la transformation numérique et le défi de la gestion des risques. La question de la logistique est essentielle pour développer la compétitivité d’un Port. Une bonne plateforme logistique rassure les partenaires et instaure un climat de confiance dans les affaires. Il favorise également la décongestion des ports et réduit le temps de transit des marchandises. Certains ports d’Afrique du Nord et d’Afrique du Sud ont plus ou moins relevé ce défi. Les autres ports suivent le rythme en s’équipant d’équipements adaptés aux normes internationales. Cependant, le défi reste à relever.
La transformation digitale est un enjeu primordial. Dans un contexte d’interconnexion des pays du monde, répondre aux exigences de la transformation numérique est important. Le processus a commencé sur le continent, mais il reste encore du chemin à parcourir. La mise en place de guichet unique, la dématérialisation des procédures… Il s’agit de mesures prises ou à prendre pour certains ports du continent. Le dernier défi essentiel, pour moi, est celui lié à la gestion des risques. La sûreté et la sécurité sont un enjeu majeur pour l’attractivité des routes maritimes africaines. Ils sont un passage nécessaire pour un meilleur rayonnement des destinations portuaires du continent.
- Le Port de Cotonou s’est fortement engagé dans la digitalisation ces dernières années, quel est le rôle des fournisseurs de logiciels dans l’atteinte de cet objectif ?
Depuis 2009, la volonté politique au Bénin s’est manifestée. Elle a conduit à la mise en place du Guichet Unique du port en 2011. Cela a immédiatement ajouté de la valeur ; le temps de transit des marchandises au port de Cotonou est devenu l’un des plus courts de la sous-région ouest-africaine.
Cette digitalisation s’est accélérée en 2018, encouragée par le Programme d’Action Gouvernement du Président Talon contenant la dématérialisation de toutes les démarches administratives dans le pays et la concession de la gestion du port de Cotonou au Port d’Anvers-Bruges International. Tout cela s’est matérialisé au niveau de la plateforme portuaire à travers la mise en œuvre du projet Port Information System qui vise dans un premier temps à améliorer et optimiser les processus portuaires puis à mettre en place un système d’information portuaire qui rassemble l’ensemble des acteurs de l’écosystème portuaire.
Le rôle des éditeurs de logiciels est essentiellement celui du développement, de l’accompagnement et du conseil. Ils soutiennent l’autorité portuaire en fournissant des produits logiciels de qualité qui répondent à leurs besoins et à ceux de la communauté portuaire. Et ils ont aussi un rôle de conseil en proposant de meilleures solutions. Ce sont des spécialistes et ils ont des solutions qui ont fait leurs preuves dans d’autres ports et dont nous ne sommes pas forcément au courant. Ils peuvent alors être force de propositions.
- Quels conseils donneriez-vous à un port africain qui souhaite se lancer dans la digitalisation ?
La volonté d’entamer un processus de digitalisation est déjà une étape importante. Elle part du principe que les autorités portuaires ont compris les enjeux de la transformation numérique à l’ère de la mondialisation. Cela dit, le désir seul ne suffit pas ; une vision claire doit être définie et soutenue par une réelle volonté politique. Il s’agit d’un préalable essentiel, qui permet de soutenir politiquement les initiatives des autorités portuaires. La vision de la transformation numérique doit être comprise et adoptée par l’ensemble des parties prenantes, à savoir les acteurs portuaires, les partenaires sociaux et l’Etat.
Une fois celle-ci acquise, pour moi, un audit du système d’information en place est impératif pour identifier les acteurs, les systèmes en place et les autres ressources. Puis la création dans les meilleurs délais d’un cadre d’échange permanent entre les acteurs de la chaîne de digitalisation sur l’approche du processus, les conditions de sa mise en œuvre et son évolution est nécessaire. Elle favorise une meilleure intégration.
Un autre point important serait de mutualiser l’ensemble des initiatives de digitalisation engagées dans l’écosystème portuaire et de fonctionner comme une seule entité.
Et un tel processus est mis en œuvre avec une bonne stratégie de formation pour permettre au personnel de s’approprier immédiatement ces changements.
Il faut aussi penser à la sécurité des installations logicielles et même à la logistique pour ne pas être surpris par les déceptions.
- Selon vous, vers quoi se dirige le secteur et quelles sont les principales actions que les ports devraient adopter pour s’adapter aux changements à venir ?
À mon avis, la numérisation restera un sujet d’actualité avec l’avènement de l’intelligence artificielle ; cependant, le secteur s’orientera vers plus de responsabilité écologique.
Les changements à venir seront donc environnementaux. L’économie bleue prend une place de plus en plus importante dans l’écosystème portuaire. Et qui parle d’économie bleue, de gestion durable de toutes les ressources maritimes, parle aussi d’énergie verte. Nous devrons commencer à faire une transition énergétique dans le transport maritime. Certains acteurs ont déjà entamé le processus. Au Port de Cotonou, nous aussi, nous travaillons d’arrache-pied et avons obtenu la certification ISO pour notre politique Environnement et Qualité. Et la numérisation des processus participe activement à la réalisation de ces objectifs de durabilité.